Le nom des lieux, aussi anodins qu’ils puissent paraître, est souvent l’écho d’une époque disparue. Dans le cas de “Sarrans”, cette ouverture sur le passé nous emmène au cœur de la civilisation occitane. Les langues et dialectes anciens, notamment le latin et l’occitan, ont marqué durablement les appellations des villes, des villages et des paysages de cette région.
On suppose que "Sarrans" dérive du mot latin ou occitan “serra”, qui signifie “crête” ou “chaîne de montagnes”. Cette hypothèse s’accorde assez bien avec la topographie locale : le plateau où s’étend le lac de Sarrans est bordé de reliefs boisés, à la fois escarpés et majestueux. Une autre interprétation fait référence à “sera”, qui désigne un verrou ou une porte en latin, ce qui pourrait évoquer la disposition de la Truyère, emprisonnée entre des collines imposantes à cet endroit.
Ces racines étymologiques montrent à quel point le nom semble intimement lié au paysage naturel de la région, témoin d’une forme de symbiose entre les habitants et leur environnement.
Si les origines linguistiques sont fascinantes, les légendes locales apportent une autre dimension au mystère de “Sarrans”. Bien souvent, les anciens transposaient dans les noms de lieux leurs histoires ou une poétique vision du monde.
Selon certaines traditions orales, "Sarrans" pourrait tirer son nom d’une figure mythique ou légendaire. On raconte qu’un guerrier, ou peut-être un chef local nommé Sarrian ou Sarantus, aurait vécu près de la Truyère à l’époque gallo-romaine ou médiévale. Ce personnage aurait marqué les mémoires des villageois, si bien que sa renommée aurait donné naissance à ce toponyme.
Une autre légende plus romantique évoque une jeune femme appelée Saranne, figure emblématique d’une époque où les histoires locales se transmettaient sur le pas des portes ou auprès des foyers. L’histoire raconte que cette femme, amoureuse d’un pêcheur du village voisin, aurait marqué son époque par sa bonté et son dévouement. En hommage, les habitants auraient donné son prénom au lieu.
Bien que le nom "Sarrans" trouve ses racines avant la création du lac artificiel en 1934, impossible de l’évoquer sans parler de l’impact du barrage qui a métamorphosé la région. En 1934, la construction du barrage de Sarrans par EDF a marqué durablement l’identité de la zone.
Avant l’inondation, Sarrans désignait un petit hameau proche de la Truyère, aujourd’hui englouti sous les eaux du lac. Ce changement de paysage a contribué à l’évolution de l’usage du nom. Sarrans n’est plus seulement un modeste lieu habité mais aussi un vaste espace naturel et touristique où l’eau raconte l’histoire des hommes et de leurs aménagements.
Certains habitants de longue date de la région relaient encore les souvenirs du Sarrans originel, offrant ainsi une mémoire vivante à ce nom ancien, qui colle désormais à l’identité du lac et de ses abords.
Le charme du lac de Sarrans s’appuie aussi sur des petites histoires qui enrichissent son image. Voici quelques anecdotes liées à son nom :
Quand on s’interroge sur l’origine d’un nom comme Sarrans, on ne découvre pas seulement des mots. On entre dans une histoire plus vaste, qui relie la terre, les gens et une certaine idée du temps long. Que son nom découle de la géographie, d’un personnage légendaire ou d’une combinaison des deux, Sarrans incarne la mémoire vivante d’un territoire.
Alors, la prochaine fois que vous contemplerez la tranquillité du lac de Sarrans, fermez les yeux un instant. Peut-être que dans le silence, entre le bruit du vent et le clapotis de l’eau, vous percevrez un écho des origines de ce lieu magnifique, un murmure des siècles qui nous précèdent.